Coucou les filles ! Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous retrouver pour la deuxième édition de mes interviews Discussion Durable, publiées chaque premier jeudi du mois sur TPP. J’ai l’honneur de vous présenter Emilie, fondatrice du e-shop Dressing Responsable, une boutique de vente en ligne de vêtements et accessoires éthiques pour femme.
C’est en juillet 2015 que nos chemins se sont croisés sur Facebook. A cette époque là, je ne peux pas dire que la mode dite responsable faisait partie de mes centres d’intérêts principaux… mais rien n’arrive par hasard…
Avec du recul (et presque 2 ans plus tard !), je vois cette coïncidence comme un signe du destin qui a envoyé la fée Emilie à ma rencontre.
Fin d’année 2016, lorsque j’ai décidé ne plus acheté dans les enseignes de fast-fashion, la fée Emilie, enfouie au fin fond de mon subconscient a refait surface. Dressing Responsable fut ma première destination mode éthique qui m’a entre autre permis de trouver mon pantalon d’hiver et de voyage préféré !
J’avais donc des tonnes de questions à lui poser à propos de son cheminement vers une consommation plus responsable; de son expérience personnelle à son parcours entrepreneurial qui l’ont menés à créer son e-shop.
Margot : Avant de lancer Dressing Responsable en 2014, quand et comment as-tu été introduite à la mode éthique ?
Emilie : Un jour, je me suis trouvée dans une situation financière un peu délicate, rien de bien grave mais cela m’a éloignée des magasins pendant quelques mois. Je me suis rendue compte que ça ne me manquait pas vraiment et je me suis mise à porter des vêtements qui dormaient dans mon armoire. A ce moment-là, j’ai eu une prise de conscience assez soudaine, je me suis demandée pourquoi j’achetais autant de vêtements alors que je ne les portais pas tous et de fil en aiguilles, je me suis demandée comment ceux-ci étaient fabriqués.
*Orélie porte cette veste, ce chemisier, et ce pantalon – photo by Julie Lainé Pradines*
Margot : Quel a été ton premier achat ?
Emilie : Dans mon cas, ça a plutôt été un « non-achat », car comme je l’ai dit, j’ai passé plusieurs mois sans acheter de nouveaux vêtements et c’est à ce moment-là que ma réflexion a vraiment commencé. Mon premier achat chez une marque éthique a été une paire de baskets Veja, après avoir fait quelques recherches. C’était l’une des rares marques que j’avais trouvée et qui correspondait à mes critères esthétiques à une époque où ce n’était pas toujours une préoccupation majeure des marques éco-responsables.
Margot : En combien de temps la transition entre achats dans les grandes enseignes traditionnelles et achats uniquement responsables s’est-elle faite ?
Emilie : Elle s’est faite assez rapidement, une fois que j’ai commencé à me poser des questions, c’est devenu plutôt évident. Il m’arrive tout de même de faire des écarts, car acheter responsable, ce n’est pas uniquement acheter des vêtements fabriqués de façon plus responsable, c’est aussi acheter moins mais mieux et surtout des vêtements qui nous vont vraiment, dont on a besoin pour compléter sa garde-robe. Donc si je ne trouve vraiment pas quelque chose dont j’ai besoin parmi les marques responsables et que c’est quelque chose que je n’ai pas envie d’acheter d’occasion (la dernière fois, c’était une paire de chaussures), je peux faire une exception. Mais elle est murement réfléchie et ce sont des chaussures que je porterais jusqu’à les avoir usées. C’est exceptionnel et j’ai décidé de ne pas culpabiliser.
*Julia porte ce foulard, ce top & ce pantalon – Photo par My Way Studio*
*Julia porte ce top et cette pochette – Photo par My Way Studio*
Margot : Quel a été l’élément déclencheur qui t’as donné l’envie de lancer ton e-shop ?
Emilie : J’ai avant tout eu envie d’entreprendre, de créer quelque chose par moi-même, et qui corresponde à mes valeurs. A partir du moment où j’ai décidé de sauter le pas, ça a été une évidence de faire quelque chose dans la mode éthique et d’aider ce domaine à se développer et se généraliser. L’idée de l’eshop est venue plus tard et après mon étude de marché. Elle est beaucoup plus rationnelle, je ne me suis pas levée un matin en me disant que j’avais envie de créer un eshop. J’ai surtout constaté que l’offre de mode éthique est très éparpillée et pour moi, c’est en la rassemblant qu’on pourra la promouvoir et avoir un vrai impact sur la façon de consommer des femmes.
Margot : Quelles sont les idées préconçues concernant les vêtements éthiques ?
Emilie : Chaque personne a les siennes mais globalement c’est qu’ils ne sont pas à la mode, qu’ils sont trop chers et qu’on ne sait jamais où les trouver. Heureusement, ces idées préconçues ont tendance à disparaitre, en tout cas, c’est un de mes objectifs pour Dressing Responsable. Les 2 premières ne sont plus vraies, quand à la dernière, il suffit d’avoir une connexion internet pour la dépasser.
Margot : La mode éthique englobe différents critères responsables. Il est parfois difficile de tous les réunir dans un seul produit. Comment sélectionnes-tu les marques pour Dressing Responsable?
Emilie : Je dirais même qu’il est impossible de tous les réunir et que cela ne doit pas être une finalité. La mode dite éthique est une mode plus raisonnée et raisonnable. Et il y a plein de façon de l’être ! Cela peut-être en produisant plus près de chez nous, en France ou en Europe Occidentale ou alors en produisant dans des pays en développement mais en y appliquant les mêmes règles environnementales et sociales que chez nous. Cela peut aussi être en utilisant des matériaux écologiques comme le coton bio, le lin ou alors en se fournissant en matières déjà existantes et en les réutilisant. Dans les deux cas, les deux conditions ne sont pas cumulables mais constituent une production plus responsable.
Sur Dressing Responsable, j’ai défini 6 critères assez larges qui rassemblent toutes ces différentes façons de produire des vêtements de façon plus responsable. Il y a les matières éco-responsables, les méthodes de production à impact limité sur l’environnement, le commerce équitable, le recyclage, la made in France et le made in Europe. Toute marque qui répond à au moins un de ces critères peut faire partie de la sélection de l’eshop. Mais c’est en terme de style que ma décision finale va se faire. Il s’agit de mode éthique et pas simplement d’habillement. Proposer des vêtements que l’on a envie de porter est important pour moi.
*Manon porte ce top, ce gilet & cette pochette – Photo Marie Louise de Sight by Sight*
Margot : Y-a-t-il un critère responsable que l’on trouve plus que d’autres sur ta boutique en ligne ? Si oui, lequel et pourquoi ?
Emilie : Si c’est le cas, je suis très certainement en train de travailler pour changer cela et afin que tous les critères puissent être représentés de manière équitable et que chacune puisse trouver son bonheur. Nous n’avons pas toutes les mêmes valeurs, certaines femmes pensent qu’être responsable, c’est être végane, d’autres qu’on ne peut pas être responsable en produisant à l’autre bout du monde. Il y a aussi celles qui s’habillent responsable pour des questions de santé et donc s’orientent vers des matières biologiques, celles qui cherchent tout cela à la fois… Pour moi s’habiller responsable, c’est s’habiller en pleine conscience et en toute transparence. Et chacune doit pouvoir trouver des vêtements qui lui plaisent mais aussi qui sont fabriqués selon ses valeurs.
Margot : Selon toi, quel est le critère responsable le moins développé sur le marché à ce jour ?
Emilie : Si je me base sur ma propre expérience, je dirais que c’est tout ce qui touche au recyclage. Le marché de l’occasion est en pleine expansion mais les initiatives visant à réutiliser de la matière recyclée pour faire de nouveaux vêtements sont encore trop rares, l’offre de tissus issus de fibres recyclées est vraiment minime. C’est dommage, car recycler a un impact moins important sur la planète que produire de nouvelles choses, même quand cette production est écoresponsable.
*Manon de Happy New Green porte le haut et la jupe de Carrousel Clothing – Photo Marie Louise de Sight by Sight*
Margot : Quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui souhaiterait commencer à se constituer une garde-robe plus responsable ?
Emilie : Il y a plusieurs façons de venir à la mode éthique. Si je devais le faire méthodiquement, je conseillerais de commencer par faire le tri dans sa penderie et se réserver autant de temps que possible pour le faire sereinement. Sortez tous vos vêtements et accessoires et demandez-vous pour chacun si vous le portez, si vous en avez vraiment besoin, s’il vous va vraiment (pas simplement en terme de taille, mais également si les couleurs s’accordent à votre teint et si la forme met en valeur votre morphologie). Mettez de coté et débarrassez-vous de tous ceux qui ne vous plaisent pas vraiment. Ensuite, rangez à nouveau votre penderie, qui devrait être vraiment allégée et déterminez quelques pièces qui vous manquent pour la compléter. Donnez-vous 3 mois ou 6 mois pour les trouver, sans n’acheter rien d’autre. C’est à cette occasion que vous pouvez faire vos premières recherches sur les marques éthiques et les plateformes de mode éthique comme Dressing Responsable. Vous trouverez certainement des marques que vous adorerez car aujourd’hui, l’offre répond vraiment à tous les gouts et tous les styles.
Ceci étant dit, certaines personnes commencent sans se poser trop de questions en découvrant des marques éthiques au fil de leurs sorties shopping ou de leurs recherches sur le net et se détournent petit à petit des grandes chaines. D’autres vont avoir une réaction beaucoup plus brutale en faisant une vraie detox de la fast-fashion. Chacune doit faire selon ses envies, son ressenti, encore une fois, nous sommes toutes différentes et ce que je ne veux surtout pas, c’est culpabiliser les autres. C’est le meilleur moyen de leur donner l’envie de ne rien changer du tout !
*Orélie porte cette veste, ce top, and ce pantalon – photo par Julie Lainé Pradines*
Margot : Dressing Responsable est une boutique de vente en ligne de vêtements et accessoires pour femme ainsi qu’une plateforme de conseils shopping. As-tu d’autres perspectives d’évolution pour 2017 ?
Emilie : En 2017, je souhaite étendre l’offre de marques éthiques présentes sur l’eshop et atteindre une centaine de marques représentées pour proposer plus de références et d’autres produits tels que des chaussures et permettre à chacune de trouver son bonheur quelques soient ses convictions, que l’on cherche des vêtements bio, made in France ou vegan.
Je souhaite également refaire une ou plusieurs boutiques éphémères, l’expérience de juin 2016 ayant été très positive et commencer à créer une équipe autour de moi pour m’aider !
De plus gros projets sont en prévision pour 2018, je vous en parlerais le moment venu.
Merci Emilie d’avoir répondu à toutes mes questions et d’avoir partagé une partie de ton expérience avec nous !
Les filles, si vous recherchez des vêtements éthiques, je vous conseille donc Dressing Responsable !
RDV le jeudi 2 mars pour découvrir la prochaine Discussion Durable! Et en attendant, allez voir l’interview avec Natalie du blog Sustainably Chic.